Cosmos (ATOM) : Guide pour débutant (2022) – Coinstory#6

Cosmos (ATOM) est un écosystème de blockchains souveraines, connectées les unes aux autres grâce à l’IBC (Inter Blockchain Communication). Cosmos a pour ambition de devenir « l’Internet des Blockchain » grâce à son interopérabilité. Ce projet est très ambitieux et pourrait bien changer le game comme l’avait fait Ethereum avec les smart contracts.

Cosmos, une nouvelle génération de Blockchain

Pour bien comprendre pourquoi on parle de 3e génération de Blockchain concernant Cosmos, il faut comprendre pourquoi et comment elles sont apparues.

Bitcoin, la première génération

Bitcoin, 1ère génération de Blockchain
Bitcoin, 1ère génération de Blockchain

Cette partie sera rapide alors concentrons-nous sur l’essentiel. Bitcoin est né suite à la crise des subprimes de 2008. En 2009, Satoshi Nakamoto (on ne sait pas de qui il s’agit) créé le Bitcoin. Il s’agissait avant tout de proposer un modèle alternatif au système financier actuel. Bien sûr, la Blockchain existait déjà depuis 30 ans à cette époque (les premiers travaux remontent aux années 1970).
Le génie de Nakamoto a été de trouver une façon pour que des ordinateurs puissent se mettre d’accord entre eux, pour qu’ils aient un intérêt économique à le faire. C’est la naissance du consensus de Proof of Work. Grâce à ce système, il était maintenant possible de pouvoir s’échanger de la valeur en pair à pair, sans organisation centrale.

Ethereum, la deuxième génération

ethereum small - Coinpri
Ethereum, 2e génération de Blockchain

Le problème du Bitcoin, c’est qu’il ne permettait que de s’échanger de la valeur économique. Il était impossible de programmer cette monnaie, c’est-à-dire de lui donner des conditions pour exécuter un programme. Et c’est là que Vitalik Buterin entre en jeu avec Ethereum et les smart contracts en 2014/2015.
Avec les smart contracts, il est désormais possible de programmer la monnaie. Cela a ouvert la voie à de nombreuses applications, comme la DeFi (finance décentralisée), les NFT (Non Fungible Tokens) , etc. Ces smart contracts sont processés par ce qu’on appelle l’Ethereum Virtual Machine (EVM). Les développeurs étaient désormais capables de déployer des « contrats intelligents » et de construire des applications décentralisées (dApps).

Cosmos, la troisième génération

Cosmos, 3ème génération de Blockchain ?
Cosmos, 3ème génération de Blockchain ?

Cependant, Ethereum est victime de son succès : de plus en plus de personnes utilisent le réseau, si bien qu’il devient encombré et que les frais pour l’utiliser sont de plus en plus élevés. C’est un peu comme si nous étions sur une autoroute et qu’il y avait de plus en plus de voitures qui voulaient passer le péage (pour valider leurs transactions). C’est ce qu’on appelle un problème de scalabilité : plus un réseau est utilisé, plus il est difficile de gérer le nombre de transactions avec des performances similaires.
Pour augmenter cette scalabilité, il y a deux choix possibles :

  • l’augmenter verticalement. C’est le choix de ce que l’on appelle les « layers 2 ».
  • l’augmenter horizontalement. C’est la solution que proposent les layers 0 comme Polkdot ou Cosmos. Au lieu d’avoir un seul ordinateur qui gère énormément de transactions, il s’agit d’avoir une multitude d’ordinateurs, connectés entre eux, et qui se relaient les informations.

Rentrons un peu plus dans le détail de la solution de Cosmos. Cosmos veut tout simplement créer « l’Internet des Blockchain ». L’un des problèmes d’Ethereum, c’est qu’il ne permet que de faire des smart contracts et de créer des tokens. Cela pose des problèmes, car si vous utilisez Ethereum pour votre smart contracts, vous pouvez subir les montées de frais du réseau congestionné alors que vous n’y êtes pour rien. Cosmos permet de créer plus que des smart contracts, il permet de créer des Blockchains (avec le SDK sur lequel nous revenons en bas). Cela offre bien plus de flexibilité et de scalabilité.

Les piliers fondateurs de Cosmos

Pour réussir ce tour de force, Cosmos s’appuie sur 3 piliers :

  • Tendermint (l’algorithme de consensus Proof of Stake) ;
  • Cosmos SDK (un kit de développement pour créer une Blockchain en un rien de temps) ;
  • l‘IBC (pour que les Blockchains puissent communiquer entre elles).
Une image vaut mille mots. C'est plus clair comme ça non ?
Une image vaut mille mots. C’est plus clair comme ça non ?

Tendermint (maintenant Ignite)

Tendermint (maintenant Ignite) a été créé en 2014 par Jae Kwon et Ethan Buchman. Il s’agit d’un algorithme de consensus Proof of Stake résistant aux Fautes Byzantines. Beaucoup de mots barbares, je sais. Déconstruisons un peu les choses pour mieux comprendre.

Le Proof of Stake (PoS) désigne un processus de consensus qui consiste à stacker (« mettre en jeu ») un certain montant de token pour sécuriser le réseau. Si un des validateurs tente de corrompre le réseau, il sera « slashé » et une partie de ses tokens seront brûlés. Actuellement, la chaîne la plus sécurisée de l’écosystème Cosmos est le Cosmos Hub avec 175 validateurs et environ 2 milliards de dollars stackés. Le liquid stacking sera d’ailleurs bientôt implémenté ce qui permettra de fluidifier davantage les échanges au sein du Cosmos Hub.

Le PoS est plus « éco-friendly » que le Proof of Work (preuve de travail) sur lequel repose certaines Blockchains comme Bitcoin.

Le terme BFT (Byzantine Fault Tolerant), quant à lui, signifie qu’un réseau décentralisé est capable de continuer à valider des transactions même si certains acteurs malveillants tentent de corrompre le réseau. Inutile de rentrer dans les détails techniques pour ne pas vous perdre. L’essentiel, c’est de retenir que le BFT, ça va vite, très vite.

Le Cosmos SDK

Pour que ce consensus de Proof of Stake marche, il faut bien sûr des Blockchains qui s’appuient sur ce consensus. C’est là que le Cosmos SDK (Software Development Kit) entre en jeu. Il permet de créer des Blockchains (et pas seulement des smart contracts) en quelques mois, voire en quelques semaines, là où il fallait plusieurs années auparavant.

Comment cet exploit est-il possible ? Tout simplement parce qu’il s’agit d’une bibliothèque open source, où les développeurs peuvent aller piocher les modules qui les intéressent pour construire leur Blockchain. Le Cosmos SDK a été mis en place dès 2014 par Jae Kwon (co-founder de Cosmos) pour résoudre les problèmes du Bitcoin. En effet, à cette époque, pour créer sa propre Blockchain, on faisait tout simplement un fork du Bitcoin (# Litecoin et compagnie). Oui, le bonhomme était très early.

De nombreuses Blockchain ont été construites avec le Cosmos SDK (par exemple la Binance Smart Chain, Crypto.com, …), certaines en modifiant le code source à leur sauce (comme Celestia par exemple). Rappelons au passage qu’il s’agit d’un système permisionless, et que les Blockchain sont souveraines (contrairement à Polkadot).

Pour les plus téméraires : https://github.com/cosmos/cosmos-sdk

L’IBC Protocol

C’est très bien de pouvoir créer sa propre Blockchain en PoS, mais Cosmos, ce n’est pas censé être « l’Internet de Blockchain » ? Comment elles font pour communiquer entre elles ? Et bien c’est là qu’intervient l’IBC (Inter Blockchain Communication).

A l’instar du TCP-IP qui permet aux sites internet de dialoguer entre eux, l’IBC permettra aux Blockchains de dialoguer entre elles. Et il ne s’agira pas seulement, contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, de simplement envoyer des tokens d’une blockchain à une autre. Les Blockchains pourront aussi s’envoyer des messages entre elles, elles pourront appeler des fonctions d’autres Blockchain. Cela ouvre un champ de possibilités immense. On peut carrément parler d’un changement de paradigme, tout comme Ethereum à son époque.

L'écosystème Cosmos ne cesse de grandir (2021-2022)
L’écosystème Cosmos ne cesse de grandir (2021-2022)

A l’heure où je vous écris ces lignes, il y a 53 blockchains connectées entre elles grâce à l’IBC. Ce protocole IBC permet d’augmenter drastiquement la scalabilité des Blockchains qui utilisent cette norme, allant jusqu’à 10 000 transactions par seconde (pour information, Ethereum ne gère que 14 transactions par seconde actuellement et le réseau VISA ~1000).

L’IBC permet également de contrer un énorme problème, notamment dans le monde de la DeFi : les bridges. On ne compte plus le nombre de hack sur les bridges qui se sont passés entre 2021 et 2022. Des centaines de millions de dollars ont été dérobés à cause de failles dans les smart contracts des bridges. Avec l’IBC, le problème est résolu. Au lieu de créer des représentations des tokens, les tokens sont transférés nativement (et j’insiste sur le mot nativement). Plus besoin de créer de représentations de tokens.

ATOM : au coeur de l’écosystème Cosmos

Maintenant que les bases de Cosmos sont posées, parlons du token ATOM, qui est au cœur de l’écosystème de Cosmos.

Le Cosmos Hub

Vous l’avez compris, Cosmos est un layer 0 qui permet aux différentes Blockchain de layer 1 de communiquer entre eux. ATOM (le Cosmos Hub) est l’un de ces layer 1, le plus important. Comme nous l’avons évoqué tout à l’heure, il a actuellement 175 validateurs et 2 milliards de dollars stackés.

Pour rappel, Cosmos fonctionne grâce à des Hub et des Zones. Le Comos Hub sera sans doute le plus gros Hub et l’écosystème Cosmos, même si d’autres Blockchain (Osmosis en particulier) commencent à prendre pas mal de place.

Le token ATOM, tokenomics et prix

ATOM est à l’heure actuelle à la 22ᵉ place du classement des cryptomonnaies en terme de market cap, à un prix d’environ 10 dollars.

Une levée de fonds en 2017 avait permis de réunir 17 millions de dollars. L’ATH (All Time High) est situé à 44,89 dollars. Comme Ethereum, la Supply n’a pas de limite. Cela rend donc le jeton ATOM inflationiste (entre 7 et 20 % par an). Cette inflation a été conçue de façon volontaire, pour inciter les holders du jeton ATOM à stacker et à le déléguer à des validateurs afin de sécuriser le réseau. En échange, il est possible de gagner des aridrops (jetons d’autres Blockchain de l’écosystème).

NB : Le crash du Terra Luna (construit avec le SDK et fonctionnant grâce à l’IBC) a sans doute expliqué en partie la baisse de valeur du jeton ATOM. De même, la chute de FTX (qui a fait couler beaucoup d’encre) ne va pas améliorer les choses quant à la valorisation du jeton ATOM.

Atom 2.0

Nous ne pouvons pas parler de Cosmos sans parler de Atom 2.0 et des dramas qui se sont passés autour. Il faudrait faire un article spécifique à ce sujet, mais globalement, l’idée de Atom 2.0 était de donner une utilité au jeton ATOM. Actuellement, il ne sert pas à grand chose (à part être stacké pour gagner des airdrops). Atom 2.0 devait donner de l’utilité au jeton en le rendant indispensable dans la sécurisation du Cosmos Hub avec « L’Interchain Security » (fonctionnant sur le même modèle que la relay chain de Polkadot, mais en permissionless).

Plus de détails : https://www.mintscan.io/cosmos/proposals/82

Où acheter des ATOM ?

Vous avez deux possibilités pour acheter des ATOM. La première possibilité est de passer par un CEX (Centralized Exchange) comme Binance, Kraken ou encore Coinbase. C’est sans doute la façon la plus simple d’obtenir cette cryptomonnaie. Il vous suffit de créer un compte et d’acheter avec votre carte de crédit.

La deuxième façon de vous procurer des ATOM est de vous rendre sur un DEX (Decentralized Exchange). Le principal DEX de l’écosystème Cosmos est Osmosis. L’expérience utilisateur est excellente et il est facile de s’y retrouver. De nombreuses paires de crypto sont disponibles afin d’obtenir vos ATOM. Rappelons au passage que l’expérience de FTX nous aura au moins appris à nous méfier des exchange centralisés et de préférer nous tourner vers des exchanges décentralisés (not your keys, not your coins).

Anecdote : les fondateurs de Osmosis ont refusé de lister leurs token OSMO sur les échanges centralisés. Si vous voulez en obtenir, il faut simplement… vous rendre sur Osmosis !

Vous l’avez donc compris avec cet article, Cosmos a beaucoup de potentiel. Ça me fait penser (et c’est mon avis personnel) à Ethereum en 2016 : des builders à fond dans leur truc. Bien sûr, cet article est une simple introduction à l’écosystème Cosmos et n’en pas un conseil en investissement. Nous n’avons pas évoqué dans le détail le fonctionnement des Hub et des Zones, ni les airdrops, et encore moins les validateurs. Et au passage, n’oubliez pas de protéger vos cryptos !