Au Nigéria, le régulateur demeure anti crypto

Alors que de plus en plus des voix se lèvent pour demander la réglementation du secteur de la crypto, le Nigéria tient visiblement à renforcer la répression contre les utilisateurs de ce genre d’actifs. En effet, la Nigeria’s Securities and Exchange Commission (NSEC) a annoncé qu’elle ne considère toujours pas la cryptomonnaie comme un actif numérique. La position de la NSEC clarifie une loi de mai dernier qui faisait croire que les activités en lien avec la cryptomonnaie sont autorisées dans le pays. Le secteur florissant de la crypto est donc clairement un secteur de l’illégalité.

Au Nigéria, la crypto n’est pas un actif numérique

L’effondrement de l’exchange FTX a entraîné une vague d’appels à la réglementation du secteur de la crypto. Le continent Africain où l’adoption de la crypto est en nette progression est plus que concerné, estime le FMI. Ce n’est visiblement pas l’avis de la Securities and Exchange Commission du Nigéria.

Selon le Directeur Général de la NSEC, Lamido Yuguda, cité par Bloomberg, les cryptomonnaies ne sont pas incluses dans son programme d’actifs numériques. La Nigeria’s Securities and Exchange Commission (NSEC) justifie cette mesure par le fait que les acteurs du secteur de la crypto n’ont pas accès aux circuits bancaires légaux dans son pays.

Par ailleurs, Lamido Yuguda estime que l’exclusion de la crypto des actifs numériques protège les citoyens. En effet, pour le gendarme financier Nigérian, la crypto est très volatile et ne sert qu’à spéculer. Aussi longtemps qu’il n’y aura pas de règles protégeant les investisseurs, la crypto ne sera pas considérée comme actifs numériques, poursuit-il.

Nous examinons des actifs numériques qui protègent vraiment les investisseurs, pas nécessairement la crypto… La commission a pour mission de protéger les investisseurs, pas de spéculer.

Lamido Yuguda, Directeur Général de la NSEC

Toutefois, la Nigeria’s Securities and Exchange Commission (NSEC) n’exclut pas tout recours à la blockchain. Le gendarme financier nigérian prévoit d’explorer cette technologie pour faire progresser les produits d’investissement virtuels et traditionnels.

Crypto et actif numérique sont-ils vraiment différents ? Non, sauf au Nigéria

Bien que cryptomonnaie et actif numérique indiquent la même chose pour de nombreuses personnes, ce n’est pas ce que pensent les régulateurs Nigérians. En effet, une nouvelle réglementation adoptée en mai dernier à donner aux actifs numériques le statut de titres.

Ce nouveau statut donnait aux acteurs souhaitant offrir des services liés aux actifs numériques, la possibilité de s’enregistrer auprès des régulateurs. Ainsi, le fait que la cryptomonnaie ne soit toujours pas considérée comme un actif numérique au Nigéria maintient le secteur dans l’illégalité dans le pays.

Pour rappel, le Nigéria combat fermement la cryptomonnaie depuis l’an passé.

En février 2021, la Central Bank of Nigéria a formellement demandé aux banques du pays de bloquer les comptes des utilisateurs de la cryptomonnaie. Certains Nigérians ont même été arrêtés arbitrairement pour avoir effectué une transaction en crypto.

Pour mieux faire ombrage aux cryptomonnaies, la banque centrale Nigériane a lancé sa propre monnaie numérique. Plus d’une année après la mise en place de l’eNaira, les Nigérians s’intéressent moins à cette CBDC. Par contre, l’intérêt pour les cryptomonnaies comme le Bitcoin est toujours croissant.

Un secteur florissant maintenu dans l’illégalité

Les mesures répressives contre la cryptomonnaie au Nigéria n’ont pas freiné son adoption. Les Nigérians se sont tout simplement tournés vers des moyens non contrôlés par l’Etat. Le Nigéria représente ainsi le plus grand volume de transactions P2P de cryptomonnaies en dehors des États-Unis selon Paxful, une plateforme crypto spécialisée dans les échanges P2P.

Ce n’est pas non plus le bear market qui décourage les Nigérians. Avec une monnaie nationale dont la valeur dégringole continuellement en raison de l’inflation, les Nigérians voient en la crypto une valeur refuge.

Le plus grand perdant dans le combat contre la crypto au Nigéria est sans doute l’économie Nigériane. En effet, l’interdiction de la crypto a entraîné la réduction des investissements dans le secteur crypto qui fournit des emplois et des opportunités économiques à des millions des jeunes. Par ailleurs, le blocage des plateformes crypto régulés a entraîné… le recours aux plateformes non contrôlées par l’Etat. Cela a entraîné des pertes fiscales importantes pour le pays, renseigne l’OCDE.

Plus que tout autre pays Africain, le Nigéria a besoin d’une réglementation du secteur de la crypto. Le pays a la plus forte adoption de la crypto sur le continent. Il a également été affecté par l’effondrement de FTX plus que toute autre nation africaine. En refusant à la cryptomonnaie le statut d’actif numérique, la Nigeria’s Securities and Exchange Commission (NSEC) rend un mauvais service à l’économie nigériane. Le gendarme financier ne protège pas non plus ses citoyens...