Interdiction aux banques Rwandaises de faciliter les transactions cryptos

Dans une lettre, la gouverneure de la banque centrale Rwandaise a mis en garde ses compatriotes Rwandais contre l’utilisation de la cryptomonnaie. Par ailleurs, Soraya Hakuziyaremye a invité les banques œuvrant au pays à ne pas faciliter les transactions en crypto. Le Nigéria avait déjà pris des initiatives similaires en février 2021 sans vraiment réussir à freiner l’adoption de la cryptomonnaie. 

Les banques Rwandaises doivent cesser de faciliter les activités crypto 

Les fournisseurs de services financiers réglementés du Rwanda doivent s’abstenir de faciliter les transactions crypto tant qu’un cadre réglementaire n’aura pas été mis en place. Cette injonction est contenue dans une lettre de la Banque Centrale Rwandaise datée du 31 janvier 2023. 

Dans le but d’assurer des services financiers efficaces et sains et compte tenu des risques, la Banque nationale du Rwanda interdit aux prestataires de services financiers rwandais de participer à toute activité liée aux actifs crypto, jusqu’à ce qu’un cadre régulier ait été mis en place.

National Bank of Rwanda.

En effet, la National Bank of Rwanda note que malgré ses mises en garde, les cryptomonnaies attirent fortement les citoyens rwandais. Cette institution bancaire révèle que le volume d’échange en crypto a atteint plus de 3 millions de dollars depuis janvier 2020, avec notamment la facilitation des fournisseurs légaux des services financiers du pays. 

Le montant n’est certes pas important. Néanmoins, lorsqu’on se place dans le contexte du Rwanda qui est un petit pays pauvre d’à peine 13 millions d’habitants, on comprend ce que représente 3 millions de dollars. 

Il est important de relever que dans sa lettre, la banque centrale Rwandaise n’interdit pas formellement la cryptomonnaie. Elle interdit juste aux fournisseurs légaux des services financiers de faciliter l’accès à ce genre d’actif non réglementé au pays. La banque centrale Rwandaise ne cache pas non plus son intérêt pour une monnaie numérique de banque centrale. Contrairement à la crypto, cette CBDC sera entièrement sous contrôle du la banque centrale. 

Les risques “infondés” associés à la cryptomonnaie selon la Banque centrale Rwandaise

Pour la banque centrale Rwandaise, la cryptomonnaie est un actif très risqué qui devrait être évité. Les reproches faits à la crypto dénotent non seulement une fuite de responsabilité, mais également une méconnaissance du secteur crypto. 

En effet, la banque centrale Rwandaise reproche d’abord à l’industrie crypto d’être non réglementée au Rwanda. Ainsi, les investisseurs de ce secteur ne bénéficient pas de protection du régulateur, alerte la banque centrale Rwandaise. Pourtant, il revient aux autorités du pays de réglementer un secteur comme c’est le cas à Dubai. À cet effet, les reproches d’ordre réglementaire des autorités rwandaises contre la crypto constituent une fuite de responsabilité et une turpitude dont elles ne peuvent se prévaloir. 

La banque centrale Rwandaise reproche également à certaines cryptos d’être des arnaques. L’institution bancaire donne notamment l’exemple du scam OneCoin qui avait notamment fait perdre plus de 4 milliards à ses investisseurs et dont la cofondatrice est en cavale. 

Il est vrai que certaines cryptos sont des arnaques, mais attention tout de même à la généralisation. Bitcoin est par exemple la monnaie légale d’un pays et booste son économie. Par ailleurs, la crypto est régulièrement utilisée dans les actions caritatives, y compris par l’ONU dont fait partie le Rwanda. 

Enfin, la banque centrale Rwandaise reproche à la crypto d’être spéculative avec un risque d’entraîner d’importantes pertes aux investisseurs. Cette institution bancaire note par exemple que la capitalisation crypto qui était de 3000 milliards de dollars à novembre 2021 est passé à moins de 1000 milliards en 2022. Donnant l’exemple de l’effondrement de l’UST, la banque centrale Rwandaise note que les stablecoins ne font pas exception. 

Il est vrai que la valeur des cryptomonnaies oscille fortement. Ce n’est tout de même pas de la spéculation, mais de la volatilité. C’est d’ailleurs une caractéristique commune à plusieurs actifs. Tesla a par exemple perdu 60 % de sa valeur en une année. C’est presque autant que le Bitcoin qui en a perdu 64 %. Cela ne fait pas de Tesla une action spéculative. 

L’attitude de la National Bank of Rwanda (NBR) rappelle celle de la Central Bank of Nigeria (CBN). En février 2021, la CBN avait ordonné à toutes les banques du pays de fermer les comptes bancaires associés à l’activité crypto. Elle a ensuite lancé sa CBDC en octobre 2022 et a mis en place des restrictions pour imposer son utilisation. Plus d’un an après, le Nigeria n’a réussi ni à éliminer la crypto, ni à imposer sa CBDC l’eNaira. Moins de 1 % des Nigérians adoptent l’eNaira alors que 35 % utilisent le Bitcoin. Le Rwanda va-t-il arriver au même résultat ? En tout cas, les agissements et les motivations prouvent que le Rwanda est sur les traces du Nigéria.