4 Etats abandonnent leur projet de CBDC, hourra !

En vue de faire de l’ombre à l’émergence de la cryptomonnaie et ainsi renforcer le contrôle sur leurs économies, plusieurs Etats du monde travaillent à développer des monnaies numériques de banque centrale (CBDC). Certains États comme le Nigéria ont déjà lancé leur monnaie numérique. D’autres Etats envisagent d’abandonner leur projet de CBDC qu’ils ne trouvent en rien prometteur. Les banques centrales de ces Etats fournissent des informations différentes pour justifier ce revirement. Retour sur quatre pays ayant mis fin aux ambitions de développement d’une CBDC.

Equateur, une CBDC basée sur une monnaie étrangère

En 2014, la Banco Central del Ecuador (BCE) a officiellement annoncé le développement de sa propre monnaie numérique. Connue sous le nom de Dinero Electrónico (DE), cette CBDC avait pour ambition d’augmenter l’inclusion financière et réduire la nécessité pour la banque centrale de détenir et de distribuer de grandes quantités de monnaie fiduciaire.

En février 2015, l’Équateur a adopté sa CBDC comme moyen de paiement fonctionnel. Cela permettait aux utilisateurs d’ouvrir un compte et d’effectuer des transactions financières aisément. Selon certaines sources, la CBDC Équatorienne a rassemblé près de 500 000 utilisateurs entre 2014 et 2018.

Succès de la CBDC dites-vous? Il y avait un bémol important. La CBDC de l’Equateur était basée sur le dollar américain et non sur la monnaie du pays.

En mars 2018, la Banco Central del Ecuador (BCE) a finalement désactivé sa CBDC. Par ailleurs, l’Équateur est apparemment toujours sceptique quant à l’ensemble du phénomène CBDC.

En août 2022, Andrés Arauz, l’ancien directeur général de la banque centrale de l’Équateur, a publiquement désavoué l’Euro numérique.

Pour lui, cette CBDC pourrait perturber, non seulement la vie privée mais aussi la démocratie dans la zone Euro.

Les propos d’un responsable du FMI qui affirme que la CBDC est un puissant outil de contrôle des citoyens prouvent que Andrés Arauz n’avait aucunement tort.

Japon, une CBDC est un risque pour la stabilité financière

En octobre 2020, la banque centrale japonaise a publié son rapport initial sur le développement de la CBDC.

Début 2021, l’institution bancaire a commencé à tester sa CBDC en prévoyant de terminer la phase pilote en mars 2022. 

Cependant, avant même que l’expérimentation de la CBDC ne soit achevée, le projet soulevait du scepticisme, y compris au sein de la banque centrale. En effet, l’ancien responsable de la BOJ, Hiromi Yamaoka, a déconseillé d’utiliser la CBDC en janvier dernier.

Pour lui, la monnaie numérique de banque centrale comportait des risques pour la stabilité financière du pays. En juillet 2022, la banque a publié un rapport dans lequel elle énonçait qu’elle n’avait pas l’intention d’émettre une CBDC.

Danemark, une CBDC n’améliore pas l’infrastructure financière

Le Danemark a été l‘un des premiers pays à explorer la possibilité d’émettre une CBDC. En 2016, la Danmarks Nationalbank a commencé à travailler sur la numérisation de la monnaie nationale.

Après des expérimentations, la banque centrale Danoise a rendu public un rapport rejetant l’idée de lancer une CBDC.

Dans un pays disposant d’une infrastructure de paiement très efficace, la Danmarks Nationalbank estimait que la CBDC n’apporterait pas grand-chose pour améliorer l’infrastructure financière du pays. Par ailleurs, la banque centrale Danoise avait des craintes que la CBDC ne perturbe le secteur privé.

On ne sait pas comment les CBDC créeront une valeur ajoutée significative par rapport aux solutions existantes au Danemark. 

Danmarks Nationalbank

Finlande, la CBDC trop chère par rapport aux cartes de débit

En 2020, la banque centrale de Finlande a publié les leçons apprises de la première CBDC au monde.

Ce rapport fournissait une description de son système de carte à puce qu’elle a créé dans les années 1990. La Banque de Finlande estime que cette carte peut être considérée comme la première CBDC au monde. 

En 2006, la banque centrale de la Finlande a finalement abandonné la carte à puce. Cette dernière était devenue plus chère que les simples cartes de débit selon la Banque de Finlande.

Si elle a abandonné le projet de CDBC dans son pays, la Finlande semble favorable à un Euro numérique.

En août 2022, le gouverneur de la Banque de Finlande, Olli Rehn, a fait savoir qu’un euro numérique pourrait faciliter des paiements transfrontaliers en Europe.

Comme le dit Edward Snowden, la monnaie numérique de la banque centrale est une sorte de perversion de la crypto. Elle pourrait facilement être utilisée par les régimes autocratiques pour renforcer le contrôle des citoyens et réduire au silence les voix discordantes. Étant endossée à une monnaie nationale exposée à l’inflation, la CBDC ne protège non plus pas les finances des citoyens contre la perte de valeur. Les Etats qui mettent en pause leur projet de CBDC sont sans doute prévoyants. Ils devraient être rejoints à l’avenir par d’autres.