Bitcoin et Iran, toi aussi utilise la crypto et contourne l’embargo

L’Iran a récemment procédé à son premier paiement en Bitcoin et en cryptomonnaies pour régler ses importations tout en contournant l’embargo. Il s’agit de la première opération de ce genre assumée publiquement par le pays. Selon Alireza Paymen Pak, vice-ministre iranien de l’industrie et du commerce, le but est de généraliser cette pratique dès le mois prochain.   

Bitcoin et Iran, une première tentative crypto réussie 

Si l’on ignore la cryptomonnaie utilisée dans l’opération et la destination des fonds, le montant de la transaction est bien connu. Selon Alireza Paymen Pak, c’est l’équivalent de 10 millions de dollars américain qui a été transféré à l’étranger pour régler un ordre d’importation.  

L’officiel iranien ne cache pas les intentions de son pays. Dans une publication sur twitter, il affirme que d’ici fin septembre, l’usage des  cryptomonnaies sera au cœur du commerce extérieur.

“Cette semaine, la première commande d’importation d’une valeur de 10 millions de dollars a été passée avec succès en utilisant la cryptomonnaie. D’ici la fin septembre, l’usage des cryptomonnaies et des smart contracts sera généralisé dans le commerce extérieur avec certains pays clés”. 

Une manœuvre pour contourner les sanctions internationales ? 

Si d’autres pays, à l’instar du Salvador et de la République Centrafricaine, ont fait du bitcoin une monnaie légale afin d’attirer les entreprises innovantes et les touristes dont l’activité pourrait stimuler leurs économies, l’intérêt de l’Iran est ailleurs. 

La République Islamique n’est pas, sans l’ombre d’un doute, une destination préférée des fleurons du secteur crypto. En outre, en faisant recours aux transactions internationales en crypto, l’Iran trouve un moyen plus efficace pour contourner les sanctions qui pèsent sur son économie depuis plusieurs années

Depuis la révolution Iranienne, en 1979, la République Islamique fait face à des sanctions américaines. Selon un document publié par l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques), les restrictions économiques imposées au pays se sont amplifiées en 2006 suite à la reprise des activités d’enrichissement d’uranium. 

Comme l’atteste le graphique ci-dessous, l’économie iranienne est gravement affectée par les sanctions économiques. Le pays est totalement déconnecté du système financier international. 

Ses exportations de pétrole et de biens sont presque à l’arrêt, ce qui pèse négativement sur la balance commerciale et l’évolution du PIB. Par ailleurs, la République Islamique compte sur l’usage des cryptomonnaies pour tenter de renverser cette tendance. 

Bitcoin et Iran, le pourquoi du comment
Bitcoin et Iran, le pourquoi du comment

Bitcoin (BTC) l’allié de l’Iran qui compromet l’hégémonie du pétrodollar

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le dollar américain est utilisé comme monnaie de référence pour les transactions internationales. Cette position place le pays de l’oncle Sam au cœur de l’économie mondiale. Chaque pays est obligé d’avoir une réserve en USD pour accéder aux produits indispensables tel que le pétrole ou tout simplement pour régler ses transactions internationales. 

Cet état de fait donne un pouvoir important aux Etats-Unis qui n’hésitent pas à en abuser. En effet, l’administration américaine peut geler les réserves d’un pays souverain quand bon lui semble.

En mars dernier, la Russie a déclaré plus de 300 milliards de dollars de réserves de change gelés suite à l’offensive du pays à l’Est de l’Ukraine. Dans la foulée, plusieurs banques Russes se sont vues déconnectées de SWIFT par l’Union Européenne et l’OTAN.  

Le gel de ses avoirs à l’atranger a poussé Moscou à envisager l’utilisation des cryptomonnaies.

Le 27 mai dernier, Ivan Tchebeskov, chef du département de la politique financière du ministère des Finances Russe déclarait que “l’idée d’utiliser les monnaies numériques dans les transactions pour les règlements internationaux est activement discutée”. 

Sans surprise, on pourrait voir la Russie emboîter le pas à l’Iran. La nature décentralisée du bitcoin donne aux pays ciblés par les sanctions économiques la possibilité d’envoyer l’argent partout dans le monde sans craindre une éventuelle confiscation. Ainsi, plus les Etats adoptent le bitcoin, plus un système financier international indépendant et résistant à la censure prend forme.