CBDC, la Banque Centrale de Colombie se lance dans l’aventure ?!

La Colombie est sur le point de lancer une monnaie numérique de banque centrale (MNBC ou CBDC). L’annonce a été faite au cours de la convention bancaire tenue dans la ville colombienne de Carthagène. Le directeur général de la Banque centrale de la Colombie a laissé entendre l’éventuel lancement d’une CBDC. Cette dernière pourrait faciliter l’interopérabilité entre les réseaux de paiement locaux. Hélas, selon Leonardo Villar, le directeur de la Banque Centrale de Colombie, le stablecoin colombien pourrait aider le fisc à mieux collecter les taxes…

La Colombie s’inspire de son voisin Brésilien

Pour freiner l’adoption des cryptomonnaies et tirer profit de la forte numérisation de l’économie, de nombreux gouvernements dans le monde envisagent de lancer des CBDC. Il en est de même pour la Colombie qui l’a fait savoir à travers Leonardo Villar, directeur de la Banque Centrale de Colombie lors de la convention bancaire tenue dans la ville de Carthagène. 

Leonardo Villar n’a pas donné plus de détails sur le projet qui est en cours d’examen à la Banque Centrale. Il a cependant laissé entendre que la Colombie va s’inspirer de l’expérience d’autres pays qui ont déjà ou sont en voie de lancer une CBDC. 

Le Brésil a été particulièrement évoqué. En effet, ce dernier a lancé le projet pilote de sa première monnaie numérique de banque centrale. Celle-ci pourra être utilisée comme garantie par les institutions financières du pays pour émettre leurs propres stablecoins.  

Les autorités Colombiennes veulent plus de contrôle sur les transactions 

Bien que le directeur de la Banque Centrale n’ait pas détaillé à fond son projet de création d’une monnaie numérique de banque centrale, Leonardo Villar a fait savoir que l’un des principaux objectifs de la CBDC sera de rendre les différents portefeuilles numériques disponibles dans le pays interopérable. 

En effet, il existe actuellement en Colombie de nombreux portefeuilles numériques tenus par différentes entités financières, mais leur manque d’interopérabilité les rendent inefficaces et oblige les utilisateurs à recourir à la monnaie liquide, compliquant ainsi le contrôle des transactions ainsi que le prélèvement des taxes par le gouvernement. 

Au cours d’une interview, un autre haut responsable du pays a révélé un autre objectif poursuivi par la Colombie. Luis Carlos Reyes, chef de la DIAN, l’autorité fiscale colombienne, a fait savoir que le lancement d’une CBDC est l’une des propositions du président nouvellement investi Gustavo Petro. Ce dernier veut lutter contre l‘évasion fiscale, estimée entre 6% et 8% du PIB du pays

La CBDC de la Colombie est surtout une promesse politique

Investi le 07 Aout 2022, le nouveau président de gauche Gustavo Petro a hérité d’une économie colombienne dans le rouge. L’inflation est au plus haut, avec un taux de 10,2 % pour le seul mois de juillet. Plus de 11.7% de la population est au chômage et 39 % de Colombiens vivent sous le seuil de pauvreté.

Gustavo Pétro veut à tout prix trouver des ressources pour financer son plan de réforme sociale. En effet, sa grande promesse de campagne est la réduction du fossé entre les riches et les plus pauvres. Ainsi, le président Colombien mise sur l’augmentation des impôts pour les plus riches et l’amélioration de leur collecte. Le lancement de la CBDC semble être une de ses premières mesures dans ce sens. 

En outre, malgré l’enthousiasme affiché par les autorités Colombiennes, il est important de rappeler qu’une CBDC souffre de mêmes maux que la monnaie fiduciaire. C’est notamment l’inflation.

Pire encore, le lancement d’une CBDC donne à la banque centrale le pouvoir d’émettre et contrôler entièrement la monnaie, ce qui risque de restreindre le rôle des banques commerciales au profit du pouvoir public.

Malheureusement, le temps a prouvé que l’Etat a toujours tendance à abuser du pouvoir. Par ailleurs, si ce constat a mené à la création du bitcoin, censé séparer la monnaie de l’Etat, les CBDC sont à l’opposé de cet idéal. Le pouvoir public pourrait en faire usage pour censurer les transactions et tracer les finances de la population, en violation de la vie privée.