Le Bitcoin (BTC), rempart contre l’inflation et la répression en Iran

Selon un rapport d’un journal iranien, le quart de la population de l’Iran détient les cryptomonnaies. Pour les iraniens, la cryptomonnaie permet de contourner les restrictions imposées par les autorités du pays, se protéger contre l’inflation qui frappe la monnaie nationale et atténuer les difficultés économiques liées aux sanctions internationales.

L’adoption de la crypto progresse en Iran, avec Bitcoin en tête

En seulement une quinzaine d’années d’existence, les cryptomonnaies sont déjà une classe d’actifs trop prisée par les investisseurs. Près de 580 millions de personnes utilisent les cryptomonnaies selon certains acteurs de l’écosystème. Bien qu’on note un faible intérêt pour les actifs numériques dans certains pays comme le Salvador, l’adoption de la crypto est incontestablement en croissance à l’échelle mondiale. C’est aussi le cas en Iran.

Dans son nouveau rapport intitulé “l’espace des Cryptomonnaies en Iran 1402”, le journal iranien ArzDigital annonce que 25% d’Iraniens détiennent la cryptomonnaie. Ce chiffre représente environ 20 millions d’utilisateurs dans ce pays où 78 millions d’habitants ont accès à internet. C’est loin d’être le nombre le plus important d’utilisateurs crypto dans un pays au monde. A titre d’exemple, l’inde et les USA ont respectivement 91 et 53 millions d’utilisateurs crypto selon Triple A.

Cependant, le nombre d’utilisateurs crypto en Iran est largement haut lorsqu’on considère la proportion d’adoption en rapport avec la population globale du pays. Au monde, seuls les Emirats arabes unis ont une adoption crypto supérieure à celle de l’Iran, avec 27% du taux de détention crypto.

Comme à l’échelle mondiale, le Bitcoin (BTC) reste la cryptomonnaie préférée en Iran. Le Bitcoin est suivi de très près par Doge, Shiba, Cardano dans les portefeuilles des Iraniens. Ethereum (ETH) ne vient qu’à la cinquième place.

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Préférence des Iraniens pour différentes cryptomonnaies

Si on s’en tient au rapport d’ArzDigital, le profil moyen d’un investisseur iraniens est celui d’un homme âgé de 38 ans, résidant à Téhéran, dont le portefeuille est composé de 22% du BTC, 18% de DOGE, 17% de SHIBA, 15% d’ADA, 12% d’ETH, 10% de TRON et 6% de stablecoin USDT.

Pourquoi un tel intérêt pour le Bitcoin en Iran ?

Comme dit précédemment, l’adoption du Bitcoin à l’échelle nationale en Iran est importante. Avec 25% de sa population détenant de la crypto, l’Iran dépasse plusieurs pays crypto friendly en adoption. Qu’est ce qui explique un tel niveau d’adoption de la cryptomonnaie et spécialement du Bitcoin ? Un bitcoiner franco-iranien s’est penché sur cette question et fournit quelques réponses.

Dans son blog intitulé la révolution Bitcoin en Iran, Marius Farashi Tasooji estime que trois raisons peuvent justifier l’attrait des iraniens pour le Bitcoin. Les iraniens recourent au Bitcoin d’abord pour se protéger de l’inflation qui frappe la monnaie nationale. En effet, le Rial iranien a perdu plus de 95% de sa valeur durant ces dix dernières années. En 2023, l’inflation a atteint près de 40%. Dans ce contexte, le Bitcoin, qui a augmenté de plus de 120% en 2023, est perçu comme une alternative crédible.

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Inflation en Iran de 1960 à 2022

Une autre raison pour laquelle les Iraniens utilisent Bitcoin est de contourner les sanctions internationales et les restrictions internes. En effet, l’Iran est sous sanctions internationales depuis plusieurs années. Ces sanctions ont des conséquences économiques néfastes dans le pays avec notamment la hausse du chômage et les restrictions bancaires. En plus des sanctions internationales, la gouvernance interne en Iran est autocratique. Le gouvernement contrôle pratiquement tout : du vote des citoyens aux habits qu’ils doivent porter en passant par la musique qu’ils écoutent. Par ailleurs, toute tentative de protestation pacifique est brutalement réprimée dans le pays.

Dans ce contexte, le Bitcoin est devenu un allié incontournable du peuple Iranien persécuté à l’interne et à l’international. D’un côté, le BTC permet aux citoyens d’échapper aux interdictions du gouvernement. De l’autre, les utilisateurs peuvent facilement contourner les restrictions internationales et effectuer des transferts et paiements à l’étranger en utilisant cette cryptomonnaie.

Enfin, l’utilisation du Bitcoin est propulsée en Iran par le paiement du salaire en cryptomonnaie. En effet, plusieurs Iraniens préfèrent recevoir leurs salaires en BTC pour minimiser leur imposition fiscale. Par ailleurs, l’explosion des entreprises crypto qui propulse la culture du paiement du salaire en Bitcoin. Selon les données d’ArzDigital, il existe actuellement plus de 200 entreprises et 2 000 travailleurs actifs dans le secteur crypto en Iran.

L’adoption en Iran révèle encore une fois à quel point le Bitcoin n’est pas qu’économique. Cet actif a une dimension beaucoup plus politique qu’en ne le pense. En Iran, les gens utilisent le Bitcoin pour protéger leurs économies rongées par l’inflation. Cependant, nombreux recourent au Bitcoin principalement pour s’opposer au gouvernement. Et ça marche.