Mining de cryptomonnaies, où vous voulez, sauf au Paraguay !

Le président du Paraguay est opposé au mining des cryptomonnaies dans son pays. Il estime qu’il s’agit d’une industrie qui gaspille énormément d’énergie sans créer suffisamment d’emplois pour les citoyens. Mario Abdo Benítez met ainsi fin aux aspirations du sénat qui avait approuvé une loi autorisant le mining des cryptomonnaies.  

Mario Abdo Benítez oppose son veto au projet de loi autorisant le mining au Paraguay 

Dans un décret signé le 29 Août dernier, le président du Paraguay, Mario Abdo Benítez, s’est opposé à un projet de loi visant à reconnaître le mining des cryptomonnaies comme une activité industrielle dans le pays. Cette décision a été prise après consultation de la banque centrale, de l’autorité publique d’électricité ainsi que du ministère du Commerce. 

Deux raisons majeures ont motivé la décision de Mario Abdo Benítez. Tout d’abord, il craint que la consommation électrique résultant du mining n’entrave l’expansion industrielle durable et inclusive. Il estime également que le mining utilise une main d’œuvre relativement faible contrairement à d’autres activités industrielles.

Le projet de loi a ainsi été renvoyé au parlement pour réouverture des débats sur le sujet. 

Le veto de Mario Abdo Benítez divise au Paraguay 

Les réactions au décret du président de la République ne se sont pas faites attendre. Fernando Silva, un des sénateurs ayant porté à bras le corps le projet de loi banni par le président a vivement critiqué la décision de ce dernier pour plusieurs raisons. 

Selon lui, le mining des cryptomonnaies est une activité déjà en cours au Paraguay et va probablement se poursuivre. De ce fait, le veto du président paraguayen va juste priver cette industrie d’une surveillance réglementaire. L’absence de protection légale pourrait également rendre difficile l’accès des mineurs au système financier. 

Par ailleurs, le sénateur Fernando Silva estime que l’interdiction du mining “détruit la possibilité de l’arrivée de nouveaux investisseurs et la formalisation de centaines de petites et moyennes entreprises qui vivent et dépendent de cette industrie »

Enfin, Fernando Silva considère que la décision du président paraguayen traduit un “manque de vision de l’Etat”. En effet, le Paraguay produit un important surplus d’électricité. L’énergie excédentaire est vendue au Brésil et à l’Argentine à un prix dérisoire.  

Pire encore, le veto nie la possibilité d’une transparence fiscale et financière qui montre le manque de vision de l’Etat. Le Paraguay continuera à donner son énergie au Brésil et à l’Argentine à un prix inférieur à ce que les Paraguayens paieraient ici. 

Fernando Silva, Sénateur au Paraguay

De son côté, TEDIC, une organisation qui défend et promeut les droits Humains en ligne, a célébré le veto du président Mario Abdo Benítez.

Pour TEDIC, le projet de loi N° 6962/2022 consacre une inégalité criante en avantageant une minorité de riches investisseurs. Ainsi, l’organisation a appelé le sénat à soutenir le droit de veto en adoptant de manière participative une loi qui réponde aux préoccupations environnementales, économiques, juridiques et autres questions plus importantes. 

Une loi ambitieuse qui tombe à l’eau

Le 15 juillet dernier, après un débat houleux, le sénat du paraguay a adopté le projet de loi N°6962/2022 réglementant l’exploitation minière, la commercialisation, l’intermédiation, l’échange, le transfert, la garde et l’administration de la cryptomonnaie ou d’instruments permettant le contrôle des actifs numériques. 

Cette loi était ambitieuse et révolutionnaire à beaucoup d’égards. En effet, elle autorisait explicitement que l’énergie excédentaire générée au Paraguay soit utilisée par les mineurs des cryptomonnaies à des prix compétitifs au lieu d’être donnée à bas prix à l’industrie Brésilienne et Argentine. 

La loi préconisait même que l‘Administration Nationale de l’Énergie Électrique (ANDE) puisse définir les paramètres commerciaux, les conditions techniques et des prix spéciaux pour le mining des cryptomonnaies pouvant aller jusqu’à 15% du tarif ordinaire d’électricité.

Au-delà du mining, cette loi prévoyait d’instaurer une exonération sur les paiements de taxes sur les plus-values enregistrées sur les actifs détenus par les sociétés crypto opérant au Paraguay. 

Ces progrès significatifs auraient pu renforcer l’adoption des cryptomonnaies dans le pays. Mais le veto du président enterre cette perspective. En revanche, il va occasionner la poursuite du bradage des ressources énergétiques du Paraguay au profit de ses deux voisins tout en privant à ses propres citoyens l’opportunité d’être à l’avant garde de la révolution portée par le Web3.