L’Australie se lance dans l’aventure CBDC

La Banque Centrale australienne envisage de lancer une CBDC dont la version pilote pourrait être disponible dès l’année prochaine. L’institution bancaire a rendu public un livre blanc qui explique comment sa monnaie numérique sera développée et comment elle pourrait servir. L’Australie rejoint ainsi la liste des pays prêts à lancer une monnaie numérique de la banque centrale. 

L’Australie sort un Whitepaper pour sa CDBC

Dans un communiqué conjoint, la Reserve Bank of Australia  et la Digital Finance Cooperative Research Center (DFCRC) ont annoncé la publication du livre blanc sur la future CBDC australienne. Ce livre blanc détaille la manière dont le projet de Monnaie Numérique de Banque Centrale (CBDC) pourrait être implémenté sur terrain.

Il explique notamment comment la Reserve Bank of Australia et la Digital Finance Cooperative Research Center (DFCRC) vont concourir au déploiement de la monnaie numérique du pays. Il est précisé que la Reserve Bank of Australia sera responsable de l’émission et du rachat de la CBDC ainsi que les autres fonctions de surveillance et de réglementation. 

La Digital Finance Cooperative Research Center (DFCRC) supervisera quant à elle le développement et l’installation de la plateforme eAUD. Bien que le livre blanc vante la CBDC suite à “de nouvelles fonctionnalités d’épargner et d’effectuer des transactions de manière rapide et à moindre coût”, aucune indication claire n’est faite du moment du lancement effectif du projet. 

Néanmoins, il est indiqué qu’une version pilote pourrait être mise en place l’an prochain. La banque centrale australienne s’est dite ouverte aux suggestions des acteurs de l’industrie de la crypto.

La Reserve Bank of Australia veut-elle du bien aux citoyens ?  

La publication du livre blanc sur la CBDC australienne allonge la liste des pays qui envisagent de lancer une monnaie numérique de banque centrale. En décembre 2021, certaines sources faisaient état de plus de 60 pays qui développent un projet de CBDC. Près de 9 mois après, ce chiffre est sans doute dépassé. 

Mais, comme l’ont mentionné certains experts du Fonds Monétaire International, la mise en circulation d’une CBDC nécessite quelques accords préalables. Il s’agit notamment de l’amélioration de l’accès aux infrastructures numériques tels que la connexion Internet, le renforcement de la sécurité cybernétique ainsi que la préservation de l’intégrité financière du pays émetteur.

Si ces préalables ne sont pas des défis importants pour des Etats développés comme l’Australie, ce n’est pas le cas de certains pays en voie de développement. Le cas le plus parlant est celui du Nigéria. Le pays a lancé sa CBDC en Novembre 2021, avec la promesse de faciliter l’inclusion financière et barrer la route à l’adoption des cryptomonnaies.

Mais une dizaine de mois après sa mise en ligne, l’application donnant accès au eNaira n’avait été téléchargée que 840 000 fois selon Bloomberg. Ce qui suggère que moins d’un million des personnes, soit près de 1% de la population adulte du pays, utilise la CBDC Nigériane. Ils sont pourtant près de 33,4 millions d’adultes Nigérians, soit 35% de la population adulte du pays, à détenir la cryptomonnaie dans le pays. 

Les limites des CBDC dans les pays émergents

Plusieurs raisons justifient l’échec du eNaira. En effet, il n’est jusqu’à présent  disponible que pour les Nigérians ayant déjà un compte bancaire. Pourtant, selon le Fonds Monétaire International, 38 millions d’adultes soit 36% de la population nigériane n’a pas accès à un compte bancaire. 

Cette population est de facto exclue des services proposés par la CBDC du pays. Par ailleurs, seuls les Nigérians ayant des smartphones et un accès à la connexion internet peuvent utiliser le eNaira. Cela écarte des millions d’utilisateurs des téléphones 2G. Enfin, comme sa version papier, la CBDC Nigériane est exposée à l’inflation et ne protège de ce fait pas les économies des Nigérians contre l’effondrement de la monnaie locale. 

Dans les économies faibles où l’accès à la technologie est réduit, la CBDC ne sert qu’à bancariser les bancarisés, laissant ainsi de côté les millions de citoyens qui n’ont pas accès à internet et à un compte bancaire traditionnel. Une CBDC par ailleurs, ne résout en rien le problème de l’inflation. Ainsi, une telle initiative ne peut en rien détourner les populations de l’usage de cryptos.