Binance Blockchain Week #1 – Blockchain, la Recette de l’Adoption

Quand Binance rencontre Dubai, c’est le début de la Binance Blockchain Week du 28-30 mars ! De retour après beaucoup trop de soirées, Coinpri voussume les conférences les plus importantes ! Au menu du jour, la recette pour l’Adoption de la Blokchain. Voyons ce que Richard TENG (responsable Mena chez Binance) et Tim GRANT (responsable EMEA chez Galaxy Digital) en pensent.

Quand êtes-vous rentré dans la crypto ? 

Tim GRANT (TG) : La question n’est pas pour me rajeunir. Avec 7 ans dans la crypto, je suis un peu un dinosaure du secteur. En 2015 je travaillais pour un Hedge Fund à New York. Dans le cadre de mon métier j’ai dû visiter des boîtes de la Silicon Valley. 

Jai eu la chance de rencontrer Brian Armstrong le CEO de Coinbase et l’équipe Ripple (XRP).J’ai rapidement compris que Bitcoin allait changé les choses, il était alors à 200 $. Ce fut avec le recul un excellent investissement.

Richard Teng (RT) : Me concernant, je suis rentré dedans il y a 5 ans. Je travaillais dans le secteur des futures. Chaque année en mars nous avons un évènement : le FT Commodities Global Summit.

Lors de l’événement j’ai entendu parler des cryptos et curieux j’ai commencé à explorer le secteur.

Je travaillais à l’époque avec le Abu Dhabi Global Market. Je suis fier que nous ayons été les premiers à mettre en place un framework pour réguler l’écosystème.

Pour atteindre l’adoption nous devons mettre en place une régulation appropriée. Nous devons protéger les utilisateurs et l’écosystème, mais sans l’étouffer. 

En tant que régulateur, ma philosophie était la suivante : je ne peux pas réguler un écosystème sans le connaître.

Il ne viendrait à personne l’idée de réguler une banque sans avoir de compte bancaire.

Alors pourquoi devrions-nous appliquer cette logique à la crypto ?

Que fait Galaxy Digital ? Penses-tu que l’adoption est proche ?

TG : Galaxy Digital fait beaucoup de choses avec entre autres du trading spot et de dérivés ainsi que du conseil pour aider les compagnies à lever des capitaux. Nous avons même une unité de mining Bitcoin.

Je suis en poste depuis août 2021 et une chose est sûre : l’adoption est déjà là! Que je parle avec des clients d’Europe, du Moyen Orient, d’Afrique ou d’Amérique du Nord, ils prennent l’écosystème très au sérieux.

Autrefois prisé par les petits porteurs et les Hedge Funds crypto, le secteur attirent aujourd’hui les Hedge Funds classiques, les assurances et les institutions. Nous avons également une forte demande des entreprises pour inclure des cryptos dans leur trésorerie.

Contrairement à avant, ces clients là ne réfléchissent pas à s’engager dans la crypto, ils s’y engagent !

C’est impressionnant de voir l’attrait pour le secteur et l’argent qui arrive dans celui-ci.

Nous avons récemment fait un trade avec Goldman Sachs. Le fait qu’elle ait accepté au vu de sa méfiance historique du secteur est un excellent indicateur d’adoption. Gardez à l’esprit que ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.

Quels paramètres les gouvernements prennent-ils en compte avant de rentrer dans le Web3 ?

RT : La croissance économique que peut apporter un secteur en fait partie. La blockchain en tant que futur de la finance et de la monnaie ne peut pas être ignorée. Hélas, étant externe à l’écosystème ils n’en comprennent pas toutes les subtilités.

Lorsque que nous voyons quelque chose de nouveau nous avons tendance à le comparer à quelque chose que nous connaissons déjà.

Quand les gouvernements regardent les cryptos ils essayent de les comparer à un security, un commodity ou à une monnaie. Nous nous retrouvons alors avec une régulation incohérente et/ou inappropriée.

De plus, ceux-ci ne donnent pas assez de ressources aux régulateurs pour comprendre la technologie sous-jacente. En découle naturellement des clichés sur le blanchiment d’argent que permet la cryptomonnaie. Heureusement, lorsque les régulateurs creusent le sujet, ils réalisent que nous avons des surveillances onchain et du tracking. Ils comprennent alors qu’ironiquement notre écosystème présente beaucoup moins de risque que celui du FIAT.

Lorsque nous parlons aux régulateurs il est important de leur montrer comment les investisseurs sont protégés. En les éduquant nous les aidons à mettre en place une régulation cohérente.

TG : Traditionnellement lorsque des nouvelles classes d’actifs apparaissent, celles-ci sont d’abord tradées par des Hedge Funds ou des banques avant que monsieur tout le monde en profite. Dans l’industrie blockchain, cette structure est inversée !

Les petits porteurs se sont mobilisés pour démocratiser un actif et c’est à ma connaissance une première dans l’Histoire ! Ce qui rajoute de ce fait des difficultés pour ceux-ci à comprendre et à réguler proprement. Mais ne soyez pas dupes, de nombreuses grandes légendes de la finance classique tradent déjà des cryptomonnaies.

Nous allons assister à une normalisation et je pense que nous retrouverons sous peu la structure classique que j’évoquais précédemment.  

Que pensent les institutionnels des applications blockchains ?

TG : Sans grande surprise ceux-ci pensent à l’application des Monnaie Numérique de Banque Centrale (MNBC). L’idée ne date d’ailleurs pas d’hier ! 

Il y a 6 ans nous avions déjà lancé l’idée du projet Ubin à Singapour. Il y avait également le projet Jasper au Canada qui tentait d’évaluer le potentiel des CBDC. 

De nombreux gouvernements ont donc cette idée de mettre en place un MNBC, sans savoir à quoi cela va ressembler. 

Les stablecoins sont un premier pas pour imaginer la suite et ceux-ci ne sont plus ignorés par les gouvernements.

Au delà des CBDC, les solutions blockchain sans cryptos sont de plus en plus utilisées. Nous assistons aux développement d’outils d’analyses spécifiques à la blockchain, les outils classiques ne fonctionnent pas.

Je prédis donc que les métiers d’analyse de tokens se développeront sous peu. Ils seront spécifiques à la blockchain pour expliquer aux institutionnels et aux grands groupes l’impact des cryptomonnaies.

Nous avons déjà fait énormément de chemin et nous ne sommes pourtant qu’au début…

Que faire pour que le Web3 ait 1 milliard d’utilisateurs ?

TG : La réponse la plus simple est “la régulation”. Ce n’est pas la seule, il faut également de l’éducation. À vous qui lisez ces lignes ou assistez à des évènements blockchain, nous sommes tous des évangélistes et comprenons l’écosystème. Nous nous adressons chacun à notre échelle aux milliards de gens qui n’ont toujours pas compris ce qu’est la blockchain ou ont une mauvaise conception de celle-ci.

RT : Nous devons également apprendre aux gens à penser à long terme et à ne pas se concentrer uniquement sur les faux problèmes du présent tels que la volatilité. 

TG: Exactement, nous nous devons de changer les mœurs. Si vous venez du monde de la finance classique vous êtes habitués à voir les autres comme des ennemis à abattre. Cela n’existe pas dans notre écosystème.

Nous sommes tous concentrés à travailler main dans la main à la création du futur. Un futur meilleur pour nous et les générations futures.